Chronique d’une mort annoncée : vers la fin du tourisme ?

Publié le par Nicolas Barret sur etourisme.info

Il y a 2 semaines, ici même l’excellent François Perroy nous présentait une interview du sociologue Rodolphe Christin qui semblait nous annoncer la fin de tourisme.

En fait, Rodolphe Christin n’annonce pas la mort du tourisme et, c’est peut-être plus troublant encore, il appelle de ses vœux la fin du tourisme.

Nous sommes nombreux à avoir été questionnés, troublés, touchés par ses propos.

Et ce dimanche matin de novembre, gris, froid et pluvieux, je me vois, je nous vois, sur les bancs des accusés d’un procès de Nuremberg du tourisme puisque : « Il se pourrait qu’un jour notre de mode de vie dévastateur soit considéré comme un crime contre l’humanité ».

J’ai lu et relu l’interview. A la première lecture, j’ai été saisi par une pensée pertinente et piquante et puis en y revenant en y réfléchissant j’ai trouvé le propos bien peu subtil. Alors, j’ai acheté et j’ai lu le « Manuel de l’anti-tourisme »

.

Et je ne cois pas que la lecture du livre m’ait réconcilié avec l’auteur et ses propos.  L’auteur nous est  présenté partout comme sociologue : je m’attendais donc à une étude documentée avec des chiffres à la Durkheim et des enquêtes et des observations à la Bourdieu. Disons le tout de suite ce “manuel de l’anti-tourisme” n”est pas une étude scientifique mais un manifeste, un pamphlet, un brûlot. Pour autant, la pensée développée n’est ni sans pertinence ni sans fondement.

Le paradoxe fondamental du tourisme

Il faut lui reconnaître d’abord le grand mérite de pointer le paradoxe fondamental du tourisme qui est de détruire ce dont il vit. Le tourisme est donc profondément destructeur. Ainsi R.Christin fustige ce tourisme de masse, ce tourisme devenu une « activité économique  animée par la recherche de croissance et de profits sans limites ».

Il compare notre époque à un temps où le tourisme était plus rare quantitativement et qualitativement.

Une analyse historique serait d’ailleurs la bienvenue : faut-il rappeler que le tourisme fut inventé par l’aristocratie anglaise (Le Grand tour des jeunes aristocrates anglais au XVIII eme a créé le mot « tourism ») ? Que les anglais furent les premiers à en faire une activité économique de groupe : le fameux Thomas Cook qui fin XIX inventa les voyages en groupes, les voucher, etc.

Et R.Christin de vouloir « tordre le cou » à l’idée que le tourisme de masse est liée à la démocratisation. Il semble donc regretter un temps où seule une élite extrêmement réduite quantitativement pouvait voyager et réalisait un tourisme qualitatif.

Pourtant, il reconnait bien le lien entre tourisme et salariat. Soyons clairs, avec le tourisme les anglais ont créé une activité économique, avec les deux semaines de congés payés de 1936, la France et son Front Populaire ont voulu démocratiser l’accès à un temps libre mais cette démocratisation était accompagnée d’une forte pensée « d’éducation populaire ». Le peuple en accédant au temps libre devait pouvoir accéder au sport, à la culture, au voyage. Léo Lagrange ne disait-il pas  « … il ne peut s’agir dans un pays démocratique de caporaliser les distractions et les plaisirs des masses populaires et de transformer la joie habilement distribuée en moyen de ne pas penser. »

[...]

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