A Calais, un dragon pour sortir de la « jungle »

Publié le par Laurent Carpentier pour Le Monde

A Calais, un dragon pour sortir de la « jungle »

L’animal mécanique imaginé par François Delarozière est la pièce maîtresse d’un projet urbain de reconquête par la ville de son image.

Toute la ville semble s’être déversée dans les rues derrière l’immense créature. Tel le joueur de flûte d’Hamelin, le dragon – 72 tonnes de vérins et de capteurs, d’acier et de bois sculpté, pattes énormes, yeux sanglants, gueule à faire se cacher saint Georges sous son armure – entraîne derrière lui la population de Calais, compacte face à la pluie et au vent. Manœuvré par une quinzaine d’artistes, il avance, majestueux, ponctuant sa marche de grands râles indolents. Soudain, toutes ailes déployées, il crache. Des flammes. Plus loin, il s’arrête à la hauteur d’un balcon, dans un tête-à-tête avec une habitante. Un cormoran esseulé traverse le ciel gris.

Le temps d’un week-end, Calais aura ainsi vécu au rythme d’un conte. Un mythe fondateur, inventé de toutes pièces par François Delarozière, qui, avec sa compagnie La Machine, à Nantes, est devenu un spécialiste du genre. Or donc, raconte l’histoire, échappé des limbes sous la mer, un dragon se réveilla le 1er novembre 2019 sur la plage de Calais, à l’entrée du port. Il entra dans la ville, terrorisant les hommes, qui tentèrent de le repousser pour finalement, au troisième jour, adopter la créature et en faire leur ami protecteur : installé sur le front de mer, promenant jusqu’à 50 humains à la fois sur son dos, pour 9,50 euros par personne, il devint, ou plutôt deviendra, à partir du 17 décembre, le dragon de Calais, pièce maîtresse d’un dispositif de reconquête par la ville de son image.

27 millions d’euros d’investissement sur huit ans pour tenter d’en finir avec une renommée internationale de plaque tournante des flux migratoires. De 2014 à 2016, la « jungle » a en effet accueilli ici jusqu’à 10 000 exilés en précarité absolue… et aussi tout ce que la Terre compte de journalistes. De quoi inscrire dans la durée le portrait de Calais-la-misère.

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