Ce n’est pas la fin de l’antitourisme !
Ce n’est pas la fin de l’antitourisme, mais seulement celle du groupe informel qui nous a réunis pendant plusieurs années. Avec l’Office de l’antitourisme de Grenoble, nous avons publié des textes, des brochures, un livre, un magazine, des affiches et des cartes postales. Nous avons accordé à certains journaux et radios des articles et des interviews. Nous avons été invités à présenter notre critique durant des rencontres organisées par divers collectifs. Ces lieux où nous pouvons porter la critique du tourisme sont partout en France : en montagne comme en bord de mer, en ville comme en zone rurale... Nous avons distribué des textes et porté la contradiction durant des salons et des soirées promotionnelles du voyage, de la montagne ou du cyclotourisme. Nous avons soutenu quelques oppositions à des aménagements touristiques en projet ou en actes.
Nous espérions que l’Office de l’antitourisme de Grenoble inspire et encourage d’autres groupes informels autonomes, ailleurs, de manière à contredire les propagandes locales visant à attirer les clients ; des Offices de l’antitourisme face aux vitrines des Offices du tourisme… Cela n’a pas été le cas.
Les contestations contre des aménagements et des projets touristiques, contre l’avion, les bateaux de croisière, les lits froids, contre l’augmentation du prix de l’immobilier, le prix des loyers des meublés touristiques... existent pourtant, en France et dans le monde. Mais elles visent, dans la plupart des cas, seulement les nuisances et autres conséquences désagréables qui rendent la vie moins vivable. Par une meilleure gestion et de nouvelles productions technologiques, il deviendrait possible de réduire les gaz à effet de serre, juguler les prix prohibitifs du marché de l’habitation, lutter contre l'envahissement des babioles au détriment des produits de première nécessité et développer des circuits économiques innovants, présentés comme vertueux ; la surfréquentation ne serait plus un problème si l'on apprenait à mieux gérer les flux . Autant d'exemples montrant que le tourisme n'est que trop rarement critiqué dans son principe et dans sa globalité. Première industrie dans le monde, il "fait vivre" — ou plutôt rend dépendantes des destinations qui ne sont pas prêtes à s'en passer, ni même l'imaginer. Son caractère hégémonique et mondial uniformise toutes les sociétés sur le principe de la croissance et du développement, aux dépens des liens sociaux et de l'environnement dont elles dépendent pour se nourrir et vivre. L’Office de l’antitourisme de Grenoble a essayé de diffuser sa critique durant ces quelques années, mais les forces vives de notre groupe se sont éparpillées. Nous devons donc interrompre notre activité.
L’antitourisme ne nous appartient pas. Il continuera sous la forme que les contestations ne manqueront pas de lui donner. Certains d’entre nous seront, bien entendu, attentifs et jamais loin de ces contestations.
Notre groupe informel n'ayant plus d'existence, Le blog de l'Office de l'antitourisme de Grenoble a changé de nom, mais il continuera, au moins pendant un temps, à archiver des documents en lien avec le tourisme et sa critique. Il vous sera donc toujours possible de nous envoyer des documents et des textes pour l’alimenter et les partager, à l’adresse suivante : anti-tourisme@riseup.net. Il propose également d'ouvrir plus globalement ses colonnes à la critique de la marchandisation du monde et à celle de la société industrielle qui la développe.
L’Office de l’antitourisme de Grenoble